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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

tigny, mon greluchon, mon bijou et chez tes femmes du bel air, mon chat[1], mon grec. Une quantité d’autres roues vont animer, dans un monde de feu pareil au pont persan, des machines qui vivent dans le feu aussi doucement que tes poissons dans l’eau.

« Avant les déluges de la fable, l’an 9,000,000,000, le Tien ou la roue éternelle a jeté un petit grain de sable raboteux, qui a formé cette petite fourmilière, que tu appelles le vaste univers, qui n’est qu’un point aux yeux du grand Xenoti. Aussitôt que le grain de sable fut fixé sur son axe, le Tien détacha de sa roue une prodigieuse quantité de petites roues qui fermentèrent dans les petites cruches de terre glaise et peuplèrent ton grain de sable. C’est de ces cruches infiniment petites qu’est sortie la souche de ta famille, Melchissédec fut le fond. Les dévots ont cru longtemps qu’il n’avait eu ni père ni mère, les dévots se trompaient, il sortait, en ligne droite, d’un nommé Xan-Xung, qui adorait la nature et le vrai dieu : Melchissédec engendra un fils nommé Meldec Xan-Xung ; ce dernier eut quatre enfants, l’un resta près du soleil, dans l’Orient, le cadet passa à la Chine, où nos aïeux ont régné quatre mille neuf cents trente-six lunes. Notre père Hoamti, dit l’Empereur Jaune, vivait avant la grâce 2697.

« Les deux plus jeunes fils de Meldec, Froid-Sec et

  1. En 1757, 1758, 1760, les femmes du haut style appelaient leurs maris, mon chat. Malgré la richesse et la tendresse de l’épithete, le chat n’était pas si aimé que le chien de madame.