Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

sur mon sein, tandis que, dans un songe enchanteur, je cueille les lys et les roses que l’Amour a répandus si abondamment sur tes appas.

L’aurore paraît, elle t’éveille, tu souris de te retrouver dans mes bras, un songe t’en avait assurée ; ton cœur, pour la première fois, est enchanté que tes songes ne soient plus trompeurs ; tu te lèves, je vais te montrer nos richesses ; ce sont deux vaches, que je remets à tes soins. Nous partons pour la ville voisine, tu vends tes habits précieux, tu troques les autres contre des vêtements simples. La magnificence des premiers cachait tes appas, les derniers te les rendent ; as-tu besoin d’autre parure que tes charmes ? Je cultive pour toi d’innocentes fleurs, les vents favorables de Paphos verseront sur leurs calices le baume et l’encens qu’on offre au Dieu qui nous enflamme ! que ces bouquets sentiront bon ! ils auront l’odeur délectable de ton cœur. Douces fleurs ! baume de la nature ! que vous serez heureuses ! vous ornerez le sein délicieux de Zéphyre, ma main vous arrangera autour de son corset ; semblables à la robe légère du printemps, les zéphyrs vous agiteront, mais son beau sein ne s’agitera que pour moi.

Tu es déjà accoutumée dans ma chaumière, tu n’as plus de désirs ; nous nous possédons ; échappée des bras d’un sultan orgueilleux, tu ne gémis plus sur les coussins d’or de la richesse ; tes doigts, qui n’avaient touché que des roses, ne sont point étonnés de presser les flancs d’une vache pour en