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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

famille… Jacques serait bien avancé avec ça, ce serait un ménage arrangé comme quatre putains dans un fiacre, ou des coups de poings sur la tête d’une gueuse. »

Le lendemain de cette belle scène, je me présentai à la comédie où je fus reçue pour figurante. Je changeai de logement ; en entrant dans ma nouvelle demeure, on me remit une lettre cachetée de noir, le papier était orné d’une bordure de même couleur. Le porteur attendait la réponse ; je lus :

Madame,

Tantôt je veux me jeter dans la rivière, tantôt dans un puits, l’instant d’après terminer ma carrière par un coup de pistolet. Après les plus belles combinaisons, je suis déterminé à me pendre ce soir vis-à-vis de vos fenêtres. Le jour tombe, je vous prie de m’envoyer votre désespoir couleur de rose. Je me recommande à vos prières. Je suis votre tendre amant, le désespéré feu Jacques Tirefort de l’Entrechat.

La missive m’impatienta et me fit rire ; je remis au porteur une corde, qui avait servi à lier mes coffres ; elle me sembla propre à l’usage que voulait en faire mon maître de danse. Je chargeai le commissionnaire de lui dire que le sacrifice me serait agréable, que je le priais d’en hâter l’exécution, et que j’attendais avec impatience d’être débarrassée de ses poursuites.

Je figurais depuis huit jours avec l’applaudissement du public. Un officier, dont je fis la conquête, me mit dans un état pitoyable. Je confiai ma situation à une actrice ; elle porta un froid mortel