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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

sources, nous avions Thérèse philosophe[1], la Pucelle, le Sopha, Dom Loyola, le Portier des Chartreux, l’Aloysia, le prince Apprius, Margot la ravaudeuse, le Pénitent converti, la Comtesse d’Olonne, l’Ode à Priape, et l’Épître à Uranie, le saint catéchisme de cette jeunesse dissipée.

La lecture de ces brochures entretenait un feu avide dans notre âme ; nous répétions avec le chevalier les tableaux, les attitudes que nous trouvions dans ces livres ; nos plaisirs, variés sur ceux que les autres avaient peints dans ces ouvrages, nous les rendaient toujours nouveaux ; nous trouvions maussades et vilains ces bourgeois unis, qui font naturellement des enfants à leurs femmes, comme un boulanger fait un pain.

L’amour n’est que dans l’imagination ; la répétition des actes amoureux émousse le plaisir. Loin de condamner des livres si utiles à l’humanité, les gens mariés devraient en nourrir leur esprit, l’imagination les seconderait mieux ; souvent l’indécence d’une peinture ouvre des valvules qui ne se seraient jamais ouvertes sans l’impression de l’image. Ce qui anime la nature doit être cher aux hommes. Si l’imagination de voir des houris aux yeux bleus dans le paradis de Mahomet, engage certains derviches à mener une vie si austère, que ne doivent pas faire sur l’esprit et sur le cœur des tableaux

  1. Mauvaise rapsodie fort mal écrite.