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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

amant fut surpris de ne plus trouver la résistance ordinaire, je livrai à sa volonté ce que j’avais défendu vaillamment. La timidité l’empêcha de profiter de l’heure du berger.

Un soir, un abbé amena un jeune officier ; ma figure plut au dernier. L’habit de militaire et ses grâces me flattèrent davantage que l’air lugubre d’une soutane et les cheveux courts d’un tonsuré. L’officier, voyant prendre au jeune abbé certaines libertés gallicanes était trop galant homme, trop susceptible du bon exemple pour ne pas l’imiter ; il vint me caresser avec une volupté que je n’avais pas encore sentie ; je lui dis à l’oreille de venir souvent à la maison, il me promit de revenir aussitôt qu’il serait débarrassé de son compagnon. « Ne manquez pas, lui dis-je, j’irai mettre mon grand ruban. »

Le militaire ne plaisait point à ma mère, elle craignait qu’il n’écartât ses pratiques, elle avait raison, le hausse-col et le petit collet ne militent point ensemble. Nous cherchions les moyens d’être un moment libres ; ma mère ne nous quittait point, je me creusais la tête pour trouver l’occasion d’être seule avec mon nouvel amant ; heureusement j’entendis crier la lanterne magique. Je demandai à ma bonne mère si elle avait vu cette curiosité. « Non, depuis longtemps je désire de la voir. » Mon amant fit appeler le Savoyard, il entra, on éteignit les chandelles, le ramoneur montra sa curiosité.

Ma mère, les yeux collés sur les beautés de la