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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

fournir jusqu’à Louis XII, Henri IV et Louis XV. Ton Louis XIV, n’a été que redoutable ; sans les arts qui ont illustré son règne, on ne parlerait peut-être point de lui.

« Histoire du peuple de Dieu, par le frère Isaac Berruyer. On ne peut rien ajouter à ce scandale.

« Dictionnaire de l’Encyclopédie, ouvrage admirable, digne des siècles des… des… et des… Les Satires de Boileau, ce n’est point mon poète. Corneille m’ennuie quelquefois ; le Cid ne vaut rien, Rodogune me ravit. Racine a des morceaux admirables ; je n’ose dire tout haut qu’Athalie ne me plaît point ; Joad est un scélérat. Crébillon : tout est bon, hors Catilina. Bernis, ses poésies sont charmantes ; ce sont des fleurs dignes d’orner la gorge d’Égérie. Marmontel, ses contes sont très jolis ; c’est le style des femmes galantes. Rousseau : c’est l’Horace français. Ton Bayle est le plus grand de tes écrivains. Montesquieu ? les Anglais sont aussi étonnés que moi que tu aies produit cet homme.

« L’Esprit, j’aime ce livre, je loue l’auteur de ses soins ; de toi à moi, l’esprit est encore rare. Tes pères ont étudié six cents ans celui d’Aristote ; ils étaient bêtes, tes pères ! Ton Paris, où l’on croit qu’il y a tant d’esprit, n’en remplirait pas la moitié du faubourg Saint-Germain ; il n’y en a pas encore dans le Marais ; tous autres faubourgs fourmillent d’innocents. La Hollande, malgré son or, la Prusse, malgré les cruelles conquêtes de son roi, seront toujours sans esprit. En Allemagne, on fait cent lieues