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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

de la fosse et l’autre qui suit… Le duc D… a une petite maison à croquer et une créature délicieuse, le minois le mieux chiffonné… La Baronne… monte en graine, elle veut encore fixer les amants ; elle a tort ; les femmes ne sont pas comme les violons de Crémone, plus on joue dessus, plus ils sont bons : nous sommes délassés des bateaux plats ; pour prouver que les tremblements de terre ont influé sur les crânes de la nation, nous allons faire construire des bateaux plats sans voiles et sans mâts ; M. Ber… en a pris le dessin sur l’estampe des moulins à barbe qu’on trouve dans les boutiques de nos barbiers, on les armera de têtes à perruques et d’excellents bras de bois que le chevalier Laurent[1] fera remuer. Ils partiront de Brest, et viendront à l’ordinaire échouer à l’embouchure de la Vilaine ou contre les landes de la Roche-Bernard… Connaissez-vous la chanson « elle ne parut que ce matin… » on dit que le caporal de Wesel persifle joliment les perruquiers français… à propos,

  1. M. Laurent de Bouchain, honoré du cordon de Saint Michel pour avoir construit au Pont-Péan, en Bretagne, des machines connues depuis deux cents ans, dans le pays de Liège, a fait un bras de bois à un invalide avec lequel ce soldat écrivait. Ce petit miracle a été annoncé dans les papiers publics. Les innocents de Paris ont élevé le chevalier Laurent jusqu’aux nues, comme Thérèse Sancha et sa famille, le chevalier de la Triste Figure. Un poète plus innocent que les Parisiens et les Sancho, a honoré le phénomène d’un très joli poème. L’origine du bras de bois vient de l’invention d’un certain Dubois, arquebusier, demeurant à Paris, vis-à-vis l’égout de la petite Taranne. Cet habile artiste faisait, vingt-cinq ans avant l’existence du chevalier Laurent des bras artificiels, en fournissait les manchots de