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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

celants jetaient une lumière qui m’éclairait parfaitement.

Le matou, qui n’aimait pas à rendre service, comme les grands, s’avisa quelques jours après de fermer l’œil. Il fallut encore recourir à ma pauvre imagination. Le nécessité est la mère des cinq grosses fermes et de l’industrie[1] : je fichai à une petite distance du chat un morceau de bois d’où pendait une ficelle, au bout une balle de plomb ; et quand le matou s’avisait de fermer les yeux, je lui cognais la balle contre la physionomie ; ce qui lui fit perdre bientôt la mauvaise habitude de fermer l’œil. Avec un peu d’exercice, je vins à bout de styler si parfaitement le chat, qu’il tenait la tête raide et fière comme un échevin de Paris qui va en procession faire une neuvaine à Sainte-Geneviève pour avoir de la crotte.

Ce fut à la lueur de cette nouvelle bougie, ma chère Zéphyre, que je composai l’ouvrage que j’apporte à tes genoux. Je l’aurais sans doute perfectionné si mon boulanger n’était venu interrompre mes travaux littéraires. Cet homme effroyable est un vieux mortel, qui ignore absolument le ton de la bonne compagnie ; ses phrases sont d’une tour-

  1. Droit singulier imaginé exprès pour décourager les artistes qui font, à Paris, avec quelques onces d’or, un commerce de tabatières, d’éventails, de mode et de colifichets, plus considérable et plus certain que celui de nos colonies. Pourquoi engourdir les bras, taxer les talents, dîmer sur l’habileté, et rogner les ailes de l’imagination et de l’industrie.