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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

son ordre ; il se sauva de Jérusalem, se réfugia dans le paradis terrestre de la Westphalie, qui renferme les meilleurs châteaux possibles, et les meilleures pommes de terre ; là, il reprit l’ancien nom de Robin-Choux-Pomme, s’allia à la maison du baron Kaniverstanclas qui, depuis deux mille sept cents ans, onze mois, dix jours et treize minutes, jouissait de quatre-vingt-dix-sept quartiers de noblesse. L’aumônier du château, pour trois livres dix sols, lui remit, dans la personne honnête de Mlle la baronne Kaniverstanclas, une chemise pleine de chair, de la pesanteur de trois cent trente-six livres de notre poids. Un fils de Christophe vint en France, s’allia à la maison d’un gentilhomme ordinaire ; ce fut lui qui porta l’oriflamme[1] à la bataille de Roosebeke lorsqu’elle disparut.

« Le père de notre Gilles-Nicaise était une des vieilles perruques du Luxembourg, le plus fameux nouvelliste du Palais-Royal ; il laissa à son fils une fortune immense, et sa belle passion pour les gazettes. Gilles élevé avec les grands politiques de Cracovie, fut l’aigle des menteurs du Palais-Cardinal. C’est là que, sous le fameux arbre du bien et du mal, il fit plusieurs cours de démonstrations ; c’est là que, la canne à la main, il approchait Filinghau-

  1. Bannière qui tomba du ciel avec une bouteille : du temps passé, il nous venait beaucoup de raretés et de colifichets du ciel ; mais depuis que nous commençons à être incrédules et avoir un peu d’esprit, il ne nous vient plus rien de là haut que ce que les philosophes en ont toujours vu venir, la pluie, la grêle, le tonnerre, les brouillards, la grippe et la coqueluche.