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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

penois, dans un fond de gueules ; dans le second, deux lèche-frites en sautoir dans un champ d’or ; dans le troisième, cinq têtes à perruques dans un champ de sinople, dans le dernier carton, trois seringues, avec un sauvage qui marchait à quatre pattes dans un fond de sable. Je demandai ce que signifiaient ces cartons. Ariste me dit : « Ce sont les armoiries du défunt, les diverses alliances de sa maison ; » il m’expliqua les puérilités imaginées par l’ambition, pour amuser les innocents. — « C’est donc pour faire parodie à l’humilité de ton maître, que tu places ces trophées sur son tabernacle, sur ces chandeliers ? doit-il partager la douleur que tu ressens de la perte de cet homme ? tu m’as dit que ton maître s’était anéanti pour toi, comment les prêtres de son temple permettent-ils d’y étaler les hiéroglyphes de l’orgueil ? — Ceci n’est rien ; c’est leur avarice et l’ambition des particuliers, qui placent et retracent dans le lieu saint l’injurieux parallèle de leur Dieu et de Barrabas ; — Tes prêtres ne croient donc pas au Dieu de ta cave ? comment peux-tu accorder leur coupable conduite avec la sévérité, de tes lois ? Tes vivants, peu contents que leurs morts aient sacrifié aux dieux de l’orgueil et de l’ambition, veulent encore, pour insulter ton maître, que les cadavres puants de leurs pères aillent s’étaler aux pieds de ses autels avec la pompe du monde ! quelle force peut avoir vers le trône de ton Dieu, le chant des prêtres qui entourent ainsi le mausolée de la vanité ? leurs cris