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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

barbares ; je suis étonnée que le maître de ta cave envoie du pain à des gens aussi méchants. Ces filles vont-elles aussi à la guerre ? — Non, mais elles tuent ces soldats dans leurs bras, et cela sans tonnerre. — Que dis-tu ? — Je dis que ces filles leur donnent la puanteur par leurs faveurs et par leurs caresses. — En voici bien un autre ! explique-toi, je tremble, je soupçonne que ta cave est horrible.

— « Notre cave est si grande que nous n’en connaissons pas encore l’étendue ! elle pourrait bien être infinie, malgré nos calculs et le dictionnaire d’un chanoine de Vaucouleurs. Un homme hardi a été errer sur les mers ; il a découvert une autre partie de la cave où il vient de l’or, du poivre et une maladie qui se gagne en faisant des politesses aux filles, celles-ci en étant infectées, ne tardent point d’empoisonner ces soldats. — Dis-moi, qu’allait faire ton vagabond sur la mer ? — Chercher du poivre. — Quoi, cette vilaine drogue que tu mets sur ta table pour te brûler les entrailles ? Quoi, pour du poivre, tu as gâté tes filles, et tu continues d’envoyer dans un pays d’où il vient un mal si funeste ? Quand ces filles sont attrapées à donner la puanteur, que leur fait-on ? — Rien, il faudrait punir trop d’honnêtes femmes ; on les châtie parce qu’elles manquent contre la décence ; on les enferme à cause que les curés ne leur ont pas permis de coucher avec ces soldats ; nous les méprisons, nous les traitons de coquines. — À ce compte, je suis