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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Marais. Un doucereux vint me dire : « Mon cœur ne peut tenir à vos charmes, je ne vois à Paris que des beautés comme ça, des physionomies parallèles à nos découpures ; un minois comme le vôtre est fait pour parer l’Olympe, éclipser la vieille cour de Jupiter, qui n’est plus sur le bon ton ; nos auteurs avec leur Flore et la jeune Hébé, qui étaient du temps d’Hérode, et l’Aurore qui aime les vieux garçons, cela ne vaut pas un visage moderne comme le vôtre… Comment, vous ne dites rien, mon astre ? Seriez-vous scrupuleuse ? Va-t-on encore aux cérémonies des bonzes dans les terres australes ? Nous autres, nous n’avons plus de religion, cela soulage le cœur. »

Ces messieurs débitèrent cent autres impertinences, et s’en allèrent pleins de confiance que leurs charmes et leurs jolis discours m’avaient fait tourner la tête. Je demandai au philosophe qui étaient ces crânes ? Les agréables et les gens de l’extrême bonne compagnie. « Ta cave est-elle remplie de pareils agréments ? — Non, ces étourdis sont les jeunes gens de la nation ; ils sont, quelques années, fous, impertinents, l’âge les corrige, le Français est un fruit qu’il faut laisser mûrir. — Pourquoi le présentes-tu avant qu’il soit mûr ? Tu exposes les gens à essuyer des propos. »

Les visites commençaient à me donner une mauvaise idée de la belle cave. On vint apporter la gazette ; Ariste me laissa cette feuille pour aller donner des ordres à ses domestiques. Je fus surprise