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une autre constellation appelée le Cocher céleste ou le Chevrier. Elle est aujourd’hui représentée par un homme à pieds de bouc, portant la chèvre et les chevreaux. Ce signe n’était à son origine qu’une figure de bouc.

Les mêmes causes qui élevèrent le signe du Taureau au rang des dieux, procurèrent un pareil honneur au signe du Bouc. Ces deux signes indiquaient également le retour du printemps : ils eurent le même sort, portèrent le même nom ; mais ils furent adorés dans des villes différentes. Ainsi, le soleil printanier eut pour emblème deux animaux vivants. Le bouc sacré était adoré sous le nom de Pan à Mendès, ville qui, ainsi que le Nome mendésien, doit son nom à cette divinité animale ; car Mendès signifie bouc. « Le bouc ou le dieu Pan, dit Hérodote, s’appelle Mendès en égyptien[1]. » Il en est de même de la ville de Thmuis

    réparateur et régénérateur. Plusieurs taureaux étaient adorés en Egypte sous des noms différents. Le taureau Apis, le plus célèbre de tous, l’était à Memphis ; le taureau Mnevis, à Héliopolis ; le taureau Onuphis ou Bacis l’était, suivant Macrobe, à Hermuntis, ville de la haute Egypte. Chez les Grecs, on trouve le taureau de Cadmus, dont Jupiter prit la forme pour enlever Europe ; le taureau de Marathon, dompté par Hercule, et dont Pasiphaé devint amoureuse, etc. Les Hébreux empruntèrent des Egyptiens le veau d’or, détruit par Moïse, ainsi que le veau de Samarie, contre lequel déclame le prophète Osée (chap. III et XV). Les Romains eurent leur taureau expiateur, réparateur, qu’ils égorgeaient dans les sacrifices appelés tauroboles, et dont le sang effaçait les péchés de ceux sur lesquels il était répandu. Les monuments symboliques du dieu-soleil Mithra offrent un taureau dont le sang est versé pour le même objet.

    Les Cimbres, les Teutons avaient leur bœuf sacré, sur lequel ils prononçaient leur serment ; les Scandinaves adoraient le thor ou taureau, dont l’idole existait à Upsal dans le temple du Soleil. Le taureau est adoré au Japon, à Méaco. Les rabbins parlent d’un bœuf gigantesque appelé Béhémoth, réservé pour le festin du Messie, etc.

    Les vaches furent presque autant honorées que les taureaux. Io fut changée en vache par Jupiter, qui en devint amoureux. lphianasse fut également métamorphosée

    en vache par l’effet de la jalousie de ses sœurs. Les Hébreux sacrifiaient et faisaient brûler la vache rousse, dont les cendres, mélées avec de l’eau, servaient aux expiations. Chez les Indiens, les cendres de la bouse de vache sont également employées pour les expiations. Ces peuples ont pour précepte d’aimer les vaches et les brahmanes.

  1. Hérodote, Euterpe, liv. II, p. 41