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nons un poignard, une épée, un stylet, du poison, etc. Nous prononçons Sans bonté les instrumens qui donnent la mort, et nous rougissons de nommer ceux qui donnent la vie [1].

Cette inconséquence dans nos mœurs ne doit pas empêcher l’écrivain de s'y soumettre. Il doit, en peignant les erreurs et les vices, les improuver, et faire partager à son lecteur l’horreur qu’ils lui inspirent ; il doit, afin que l’expression ne soit pas jugée aussi criminelle que l’action exprimée, la pré-

  1. Montaigne censure, à sa manière, cette disposition déraisonnable de nos mœurs ; disposition qui, depuis le siècle où il a véçu, n’a fait qu’empirer : « Chacun fuit à le voir naître, dit-il en parlant de l’homme, chacun court à le voir mourir. Pour le détruire, on cherche un champ spacieux en pleine lumière ; pour le construire, on se musse (cache) dans un creux tenébreux, et le plus contraint qu’il se peut. C’est le devoir de se cacher pour le faire, et c’est gloire, et naissent plusieurs vertus (honneurs) de le savoir défaire. L’un est injure, l’autre est faveur. » (Essais de Michel de Montaigne, liv. 3.)