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qui est bas. Le peuple — gavé de l’alcool électoral — trouvait dans les théories hervéïstes l’occasion de proférer les menaces et les insultes qui plaisent à son ivresse.

Une torpeur dangereuse gagnait l’ardeur populaire, et le trois-six, — savamment additionné de mots creux, — paralysait tout désir de Revanche. Comme apothéose de cette sinistre comédie, le Palais de la Paix se dressait dans l’azur, engloutissant dans ses frais d’érection les millions des fanatiques de l’Utopie, si bien que les Ministères tombaient comme des pétales à chaque rafale venue de l’Est.

Le siège du bon sens était merveilleusement organisé, ce qui excuse un peu les fautes du passé.

Quand un décret fit dans le pays le vide immense des cloîtres déserts et des clochers muets, une puissance insinuante et irrésistible remplaça le mysticisme par le mystère. Il resta peu de fidèles, mais il y eut soudain beaucoup d’affiliés ; on fulmina contre les couvents et on exalta les convents ; on rit de ceux qui se donnaient entre eux le titre de R. Pères, mais on s’appela « cher frère ».

Le maillet et le gong remplacèrent les cloches, les tabliers le surplis ; et les journaux publièrent avec emphase le nom des Vénérables les plus puissants. Cet instinct qui pousse les hommes à se réunir secrètement, gagna les femmes, qui eurent aussi leurs Loges, et se soumirent aux rites du symbo-