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— Eh bien… admettez que la mère ait refusé de porter ces génies, reprit Mme Lartineau, concevez-vous l’histoire sans ces grandes figures ? Heureusement, malgré les lois de leur pays et quelle qu’ait été leur infortune, les mères ont laissé faire le ciel qui a toujours son but. Les débuts de l’homme dans notre sein sont assez précaires pour toucher notre pitié.

— Alors, madame, d’après vous, il faudrait montrer aux jeunes filles les planches illustrées de la maternité, dit Jeanne Deckes, sarcastique.

— Et pourquoi pas ! puisqu’elles doivent concevoir. Quand un homme veut être ingénieur, il étudie les machines, la géologie, etc… etc… La femme seule n’apprend pas son métier. Ah ! si on lui montrait l’enfant croissant dans la prison d’une ellipse ; obligé déjà d’incliner ses épaules et son front, et vivant là, dans l’attitude de l’ange qui pense ou de celui qui pleure. Si la femme savait !… que de bêtises elle éviterait.

— Mais, après tout, l’humanité se fait en collaboration, et si l’homme ne fait pas son devoir ? Vous trouvez aussi qu’on n’a pas le droit de…

La voix rude et un peu éraillée de Mme Rameau interrompit la timide plaidoirie de Sylvia Maingaud.

— Ben quoi ? Le coq défend-il les poussins ? Non, s’pas ? Eh bien ! la poule se débrouille tout de même. Et le chien ? Et le cheval ? s’occupent-ils de