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aggrava son ridicule, en revendiquant le droit de crier tout haut son secret de polichinelle.

Au moment où les quatre coupables expiaient en des souffrances aiguës leur révolte contre la nature, la société s’agitait, énervée d’un vague malaise. Naturellement, les trois grands moteurs de l’opinion discutaient à perte de souffle sur les modifications apportées à la loi Naquet. Le Palais élargissait la plaie en y ajoutant commentaire sur commentaire ; né courtisan, le Monde fermait déjà les yeux ; seul le Clergé refusait obstinément de reconnaître aux amants le droit de changer de nid. Mais pendant que les hommes palabraient sous des formes littéraires ou casuistiques, les femmes songeaient.

On ne se méfia pas, hélas ! de la gravité de leurs réflexions et des résolutions qu’elles comportèrent. Elles n’avaient rien demandé, et on leur avait appris de force à lire et à penser. Une fois qu’elles eurent ouvert le livre de la science, le paradis de leur ignorance leur fut fermé, et elles surent que les mots : Liberté, Égalité, Fraternité ne pouvaient s’adapter à la politique des sens. Elles surent que la maternité lésait leur beauté, leur santé et leurs intérêts ; elles surent par expérience que dans le code, s’il y a l’esprit et la lettre, là plus qu’ailleurs, la lettre tue le faible, et l’esprit vivifie le fort. Alors, elles fouillèrent les bouquins de médecine et elles apprirent que la mer leur offre de modestes racines qui rendent les étreintes stériles ; elles connurent enfin