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refuser l’hospitalité à un nouveau venu, c’est très troublant. Je suis convaincue, que si le merveilleux travail de la conception s’accomplissait extérieurement, il ne se trouverait pas un être qui osât en arrêter l’évolution ; seulement, voilà… tu protèges l’éclosion des capucines sur ton balcon et tu me conseilles la délivrance.

— Ne pose donc pas à la victime.

— Soit ; ne discutons pas. Aussi bien, tu ne peux entendre la protestation mystérieuse qui monte en moi et amollit ma volonté. La forme humaine qui s’ébauche, seconde par seconde a certainement une raison de vivre qui s’exprime par un scrupule qu’elle fait naître, et c’est comme une sorte de prière qui vient de loin, de très loin… et s’adresse à mon cœur.

— Tu es ridicule.

— Qu’importe, puisque j’accepte ta décision. Je peux bien déplorer qu’il nous faille refuser d’accueillir un enfant, alors que nous recueillerions une bête perdue.

— Je vois qu’il faut couper court à ton lyrisme. Va chez la Rhœa et dis-lui que j’irai chez elle samedi à trois heures.

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Elle s’y était rendue le lendemain et, voyant que la sage-femme le prenait de haut, elle accepta le marché.

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