— Tenez, dit-elle au vieillard, voilà un enfant qui pleure dès qu’une souffrance l’importune, et qui sourit à je ne sais quelle vision. De quel monde émane cette gaîté puisqu’il ne perçoit pas encore celui où il est entré ?
— Peut-être de celui vers lequel je m’achemine. C’est d’ailleurs au sujet d’une question qui se rapporte à ce point d’interrogation que j’ai sollicité la faveur d’une conversation, reprit Monsieur Bonfils.
— Je vous écoute, cher Monsieur.
— Avez-vous songé qu’il faudrait peut-être baptiser cet enfant ?
— Le baptiser ? Pourquoi ?
— Vous lui avez donné une patrie en lui donnant votre nom mais cela ne catalogue que son corps. Pourquoi ne donnez-vous pas une patrie à son âme ?
— Vous croyez vraiment qu’un peu d’eau et de sel….
— Non ! Ni l’eau, ni le sel… Mais un acte de volonté, une consécration mentale qui constitue une affiliation sincère. Voulez-vous de moi comme parrain ? Êtes-vous chrétienne ?
— Oui… je me souviens, même, que j’ai fait ma première communion : donc je suis catholique.
— Nous pouvons donc en faire un fidèle de notre Église.
— Pourquoi ne pas attendre qu’il puisse choisir lui-même ?
— Lui avez-vous laissé le choix de sa patrie ?