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— Il est mort en pardonnant à ses ennemis !…

— Il est mort et il est ressuscité dans la gloire !.. Allez, ma fille, et portez haut votre cœur ulcéré, car Dieu ne vous a élevée que pour vous confier le soin de l’Exemple.

Dès lors Madame Lartineau cacha stoïquement sa douleur, et nul ne vit plus ses yeux embués de larmes ; elle partagea son temps entre les diverses œuvres qui la sollicitaient.

Le printemps lui ramena Marc sur une civière, mais condamné à vivre désormais de la vie des estropiés. Puis une sorte de trêve apaisa ses inquiétudes parce que des mouvements de troupes ramenèrent Jean et Gaston en seconde ligne pendant que l’été rendait propices les terrains de combats. Mais l’automne zébra l’atmosphère des premières feuilles mortes, et l’offensive de Champagne s’accomplit.

Quinze jours s’écoulèrent sans que nulle missive vint la rassurer sur le sort de ses deux fils ; mais elle donna ses heures à la charité sans prononcer d’autres mots que ceux qui exaltaient la victoire française. On venait précisément de lui confier la présidence, « du Secours immédiat aux Victimes de la Guerre » lorsqu’elle reçut la petite lettre officielle l’informant de la mort de Gaston : Il était tombé du côté de Massige, après avoir mérité une brillante citation à l’ordre de l’armée. En même temps, lui parvenait une dépêche de son mari la priant de venir immédiatement à Tillière.