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réconforte au contraire et me fais espérer une vie nouvelle.

— J’ai voulu venir seule parce que ton père et ton frère exhaleront leur douleur en inutiles jurons ; et que si je t’avais ainsi parlé devant eux, ils m’auraient traitée de folle. Essayons d’abord les exercices spirituels et gardons pour nous ces travaux. Pour commencer, dirige ta volonté comme si tu devais regarder avec des yeux qui seraient situés au milieu du front, presque à la racine des cheveux. Tu me diras demain ce que tu auras vu.

— Ne prononce pas le mot voir… Il me fait mal.

— Tu l’emploieras quotidiennement avant peu. À demain mon fils.

Leurs baisers d’au revoir furent presque heureux.

Quelque chose d’immatériel semblait s’être tissé autour d’eux qui les rendait désormais indispensables l’un à l’autre. C’était aussi ténu que la fragilité du petit suspendu à la main maternelle, et aussi peureux que la sollicitude d’une mère-grand. C’était délicieux !

Quand le frère et Monsieur Destange vinrent à leur tour, ils firent ressasser à l’aveugle les conditions de son accident ; ils parlèrent de la bataille, des indemnités, mais aucun d’eux ne sut lui faire oublier son infirmité.

— Je sortirai toujours avec toi ! dit René.

— Ta vie matérielle est assurée ! affirma le père !