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des objets sacrés — elle prenait un livre, un cahier, un compas, et commençait un exercice astrologique. C’était le cadran fatidique de la guerre qu’elle s’obstinait à établir. Toujours elle retrouvait mêmes planètes, les mêmes chiffres et chaque soir elle murmurait :

— Ah ! Quel malheur ! de ne pas savoir lire dans le ciel ! Cinq fois Saturne et trois fois le Soleil. Jupiter à peine en domination… Qu’est-ce qu’il faut entendre par là ? Combien de temps durera la guerre ? Trois fois le soleil !… Ce ne peut être trois jours ; c’est peut-être trois saisons… ou alors ce serait trois ans ! Ce n’est pas possible qu’on se tue pendant trois ans !…

Quand elle avait recommencé ses calculs elle constatait que les feuillets de son livre ne lui livreraient plus aucun secret et elle fermait en soupirant sa reliure sombre. Elle revenait alors à son placard, et en sortait deux petites boîtes. C’était le tour de tarots compliqués, dont les oracles se basaient sur la signification des nombres, d’après les Chaldéens. Mais son angoisse ne s’accommodait pas longtemps de ce jeu ; elle voulait savoir. Elle voulait. — comme les initiés, — pénétrer le secret des résultantes, et connaître la destinée de la France et celle de ses fils.

Après avoir vérifié si son mari dormait profondément, elle prenait pour essayer d’arriver à ce but, — et cela chaque soir — une boule de cristal posée