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— Alors, votre mari vous conseille de vous débarrasser, reprit-elle, plus conciliante.

— Oui, c’est si facile, paraît-il…

— Hum ! il y a des risques…

— Ne m’en parlez pas… Je ne veux pas les connaître, dit Mme Breton, les mains en avant, en un geste d’effroi.

— Eh bien ! je vais y songer ; je ne dis pas non, mais il faudra souscrire à toutes mes conditions.

— Combien ?

— Nous discuterons ce point plus tard, mais en tous cas, j’exigerai, — si nous nous entendons, — que votre mari soit sous mon toit pendant la formalité et qu’il vous ramène lui-même chez vous.

Un sourire fleurit les lèvres de la femme du monde.

— Non !… Ne croyez pas que je me laisserai rouler, ajouta froidement Mme Rhœa ; ce sera vraiment votre mari qui sera là.

— Vous ne savez pas qui je suis.

— Je le saurai ce jour-là, n’en doutez pas.

Les deux femmes se dressèrent debout face à face, les yeux hostiles et l’âme en tumulte. Seulement, leurs deux fiertés étaient trop malsaines pour que l’une d’elles dominât l’autre.

Un gémissement troubla le silence que cette phrase menaçante avait créé. Pour n’avoir pas à se révolter, Mme Breton de l’Écluse demanda :