Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 219 —

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et les femmes furent toutes belles parce qu’elles ne se parèrent que de leur cœur. Elles devaient infailliblement accomplir de grandes choses et l’un des premiers dévouements qui s’offrit en septembre fut celui de Sylvia Maingaud Bertol.

Ses trois enfants, — une fois en sûreté chez la grand’mère paternelle qui habitait au Bouscat un pavillon perdu sous un fouillis de glycine et de vigne-vierge, — elle se présenta au médecin-chef de l’hôpital temporaire 91, à Bordeaux.

On venait d’aménager dans un magnifique lycée une formation sanitaire où trois cents blessés allemands et quatre cents français recevaient les soins de médecins éminents ; mais ce n’est pas parce qu’elle était intelligente, vigoureuse et compétente qu’on l’accepta. Ce fut parce qu’elle eut soin de faire étayer son zèle de protections politiques très puissantes. Une fois dans la place elle se prodigua dans les besognes les plus humbles et les plus maternelles, et dès lors commença pour elle la grande épreuve de l’Injustice.

Le service de santé, — c’est maintenant un fait avéré — était moins que rudimentaire en 1914. Les militaires traitaient la science comme le muscle, et prétendaient la soumettre aux aimables fantaisies de la caserne. Du moment que tout homme pouvait mettre une balle dans la peau d’un autre, tout