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demain, et qu’elle peut, aujourd’hui, m’attendrir, moi, mère ou femme de ses victimes !

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— Et maintenant, Messieurs, je vais passer la revue de Noël, dit prétentieusement Von Keller, dès que les derniers sons moururent sous l’archet. Von Kriegen aux marionnettes !!! et que chacun prenne à son compte les allusions que contiendra ma conférence, sous la forme délicate que j’espère lui donner. En avant ! la musique ! Bien entendu, les mots politiques seront traités en Allemand.

Après quelque remue ménage, le spectacle commença et Madame de l’Écluse constata que la Vierge n’était autre que la Marianne républicaine, l’Ane avait la tête de Joffre, et le Bœuf celle de Poincaré. Les marionnettes s’agitèrent dans le comique enfantin des guignols de province. Mais les couplets et les répliques devaient être très cocasses, si elle en jugeait par le rire des spectateurs. Quand Saint-Joseph — qui était un ministre français — eut chanté sa strophe, les rois mages parurent. Le Kaiser en tête, avança. Il était vêtu d’une armure étincelante, et l’hymne national teuton mit tous les officiers debout. François-Joseph, suivait en toussant, son brillant collaborateur, et quand le troisième mage arriva — dansant la tarentelle avec un loup sur le visage — ce fut une hilarité menaçante qui résonna. Des chameliers, des bergers, des mou-