Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 169 —

gnerais à ma vengeance. Je ne suis pas si vieux que vous voulez bien le dire.

— Tiennet ! soyez prudent… S’il se produit un meurtre… ils brûleront tout ici, dit la baronne.

— La vérité est que vous avez un sentiment toutes les deux pour le Père ; c’est l’amour qui fait ça

— Tu perds une belle occasion de te taire et tu manques de respect à Madame. Avec ça qu’on ne peut pas détester le père de ses enfants. Regarde la Vincente… Est-ce que ses trois gosses l’empêchent de galvauder et de battre son mari quand il rentre saoul ? dit la vieille plus logique.

— Alors, tu ne veux pas me montrer celui qui t’a déshonorée ?

— Non… fit Lida tenaillée par de mystérieux mobiles.

— C’est bien… Je le découvrirai !

Ce ne fut pas difficile.

Les envahisseurs se faisaient de plus en plus arrogants et indiscrets. Ils entraient à toute heure du jour dans la bastide du gardien ; et comme l’hiver retenait beaucoup Tiennet à sa demeure, il surveilla le visage de sa fille. Il ne fallait pas être grand clerc, pour remarquer qu’elle tenait tête à tous, ou restait indifférente quand les soldats prussiens se chauffaient ou s’abritaient ; elle ne manifestait de l’effroi que lorsque certain caporal entrait. Cet homme dardait sur elle des yeux qui se souvenaient, et qui désiraient encore. Parfois, il se col-