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— Tant pis… d’autres y parviendront !… Je vais mourir, mais auparavant… je voudrais embrasser ma mère !… Je la porte, là, sur mon cœur… dans un calepin… je vous en prie… cherchez…

Elle fouilla vite dans la petite poche extérieure du dolman, et sentit bientôt sous ses doigts le carton d’une photographie. Elle la porta pieusement aux lèvres du héros.

— Mais… fit-elle, ayant regardé le portrait… Mais… c’est madame Lartineau ?

— Vous la connaissez ?… Dites-lui que je suis tombé au champ d’honneur, et qu’elle peut être fière de moi… Mes frères essuieront ses larmes.

— Et votre père ?

— Mon père ?… Un soldat… La France le consolera, car elle sera victorieuse ! Encore, maman… je vous prie.

Ses lèvres violacées semblaient aspirer l’image et c’est avec les seuls mots de Dieu, et de « Maman » en guise de viatique, qu’il s’enfonça dans le mystère de l’Eternité.

— Oh ! blasphéma la faiseuse d’anges, pourquoi mettre des enfants au monde, puisque voilà ce qu’on en fait ?

Mais la noblesse de cette mort de Saint Cyrien ripostait victorieusement :

— « Pour sauver la France ! »

Et des larmes jaillirent qui inondèrent son visage. Seulement, ces pleurs ne détendirent pas assez ses