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— Ce que… vous désirer… moi permettre, lui proposa le lieutenant au bout d’un moment.

— Ce que je veux ? Eh bien, je veux… Je veux dormir ! articula-t-elle avec effort.

Deux des Saxons qui se disposaient à la fusiller tout à l’heure, le soutinrent, sur un signe de Castagne, et l’entraînèrent.

Elle ne sut jamais comment elle était entrée dans la chambre où elle se réveilla vingt deux heures plus tard.

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Une brave femme lui servit une tasse de lait dont elle se délecta, et ce lui fut un bien-être que de trouver propres et repassées sa robe, sa blouse et toute sa tenue d’infirmière. Tout en s’habillant, elle interrogea sa logeuse.

— Ah ! ma bonne dame, ça va mal ! nous sommes trahis ! Paraît qu’on a volé des renseignements à un officier supérieur et qu’on les a remis aux Boches. Ils savent maintenant des secrets importants… Si ce n’est pas une misère de penser que des Français soient assez lâches pour livrer leurs frères.

Pendant ce temps, Rhœa que la honte gagnait au point de ne plus oser regarder la vieille, avait procédé à sa toilette. Quand elle eût piqué la dernière épingle à son tablier, elle osa s’enquérir.

— Qu’a-t-on fait des blessés français ?

— Jésus, Marie ! Tous ont été massacrés et j’espère