Page:Dujardin - Poésies, 1913.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



la jeune femme


Dors ! je veux t’assoupir
Dans la moiteur des souvenirs,
Dans la caresse de tes plus secrets désirs.

Dors ! pour quelques minutes
Les voix des orgues et des flûtes
Épandront sur tes songes leurs séculaires volutes.

Et puis, tu le diras, n’est-il pas bon
D’avoir ouï la chanson
Que les mystères du cœur font ?

Parmi les jours inexorables,
Comme un éveil de fable,
Si l’oasis de l’impossibilité merveilleuse apparaît au milieu des sables,

N’est-ce pas bien ?
Si tu te souviens.
Est-ce que rien
Est plus consolateur à l’esprit que l’angoisse tient ?

Parmi les mille femmes
Que ton âme
Réclame,