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MEMORARE

o piissima Virgo Maria…

I


Je meurs de la pensée de votre corps offert,
Je me pâme à songer que vous avez une chair,
J’ai vertige de savoir qu’un jour sera violé le sanctuaire.

Car votre corps, c’est votre image,
Et votre face de vierge, c’est le mirage
De la virginité de votre âge.

Toucher vos seins, c’est toucher votre âme,
C’est atteindre votre cœur, ô dame,
Que lever les yeux vers votre ventre de future femme.

Quelqu’un approcherait du tréfonds immaculé,
Quelqu’un accéderait à ce Gral de spiritualité,
Il entrerait au saint des saints d’une féminité !…