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VI


La languide virginité
Appâlit le visage rose,
L’intime pleur de l’âme arrose
Minimement d’un sang lacté

Vos deux prunelles de beauté.
Ô désir, attente morose !
La languide virginité
Appâlit le visage rose.

Pâlissez, vous aurez été
Même la floraison nécrose ;
Le refrain pieux de la Prose
Reflète, ô visage attristé,
La languide virginité.


VII


Nous irions deux par les chemins,
Voilés d’une ombre demi-claire :
Aux champs l’argentement stellaire,
Hyacinthes, glaïeuls, jasmins,

Rayonnerait dessus nos mains
Son rayonnement séculaire ;
Nous irions deux par les chemins,
Voilés d’une ombre demi-claire ;

Très vagues reflets, bleus, carmins.
Ombrés ors, flambloiement polaire.
Amour, amour, oh ! voici l’ère
Des glorieux rêvés Demains ;
Nous irions deux par les chemins.

1885.