Page:Dujardin - Poésies, 1913.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SUITE


Les foules sont depuis cent ans venues
Contempler le tombeau de Ceux qui ne furent point ;
Sans cesse et du plus loin,
Des mains inconnues

Ont gravé leur hommage sur le sépulcre où ingénue
Flotte la vision du couple surhumain,
Et plus d’un
A prié, près de ce marbre, vers ces ombres inadvenues.

Ainsi, ciel vide, ciel désolé, ciel morne, où sûrement
Nul dieu n’habite, nul père et nul espoir ! ô firmament
Désert, divinement ainsi tu brilles,

Et, bien que tel l’esprit te sache vide, désert et désolé,
Tu demeures, ainsi que ce tombeau du jeune amant et de la jeune fille,
Notre foyer, notre amour, notre clarté.