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II


 
Tu m’as quitté. Ton âme
Dans le champ de mon âme avait fait sa moisson ;
De sillon en sillon
Tu passas, chère femme,
Et tu cueillis
Les longs épis, les lourds épis
De mes désirs où tes désirs avaient leur aliment ;
Ô moissonneuse,
En l’été de notre tendresse amoureuse
Tu fis ta gerbe
Et d’herbe en herbe
Tu choisis le froment…
Va, maintenant,
Vers d’autres champs, vers d’autres prés.
Vers d’autres blés
Et vers d’autres baisers,
Vers des terres inexplorées.
Vers des moissons nouvelles nées.

Un autre a tes caresses ;