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les premiers poètes du vers libre

publiés dans la Vogue (où il était le maître pourtant) que plusieurs mois après la fondation de cette revue et en même temps (ou presque) que ceux de Rimbaud et de Laforgue. Mais de ces deux faits il ne résulte aucunement la preuve que ces premiers vers libres (ou d’autres qu’il n’aurait pas voulu publier) n’aient pas été écrits antérieurement ; il résulterait plutôt que l’évolution de Gustave Kahn a été parallèle à la composition des Palais Nomades, et nous sommes a priori tout à fait disposés à admettre telle date reculée pour les premiers essais qu’il n’a pu manquer d’écrire.

Il faut pourtant signaler un document dû à René Ghil et sur lequel j’ai demandé à celui-ci quelques détails complémentaires. Dans un livre publié en 1909[1] on lit, page 28 :

… Aux derniers mois de 1885, quand M. Kahn revint d’Algérie à Paris, d’où il était parti pour quatre années, il ne rapportait que quelques vers alexandrins très classiques et de cette monotonie qu’il garda malgré tout, et il possédait plusieurs poèmes inédits de son ami Laforgue. Il était aussi attiré vers le poème en prose.

À ces indications, et en les confirmant, René Ghil ajoutait, dans une lettre qu’il m’écrivit le 12 octobre 1920 :

Ces vers de lui-même et de Laforgue, Kahn me les lut

  1. René Ghil, De la poésie scientifique, Paris,  1909.