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les premiers poètes du vers libre

gustave kahn

Que Gustave Kahn ait « trouvé » le vers libre, j’en suis persuadé. Je veux dire par là que je crois très fermement, non seulement pour l’avoir lu attentivement, mais pour l’avoir personnellement fréquenté de 1886 à 1888, qu’il n’a pris le vers libre ni à Rimbaud, ni à Laforgue, ni à Moréas, ni à personne, mais qu’il l’a tiré de ses méditations et de ses recherches, aidées, bien entendu, comme c’est presque toujours le cas, de la coopération que lui apportèrent les méditations et les recherches parallèles de quelques-uns de ses camarades, notamment de Laforgue, et probablement aussi l’exemple de Rimbaud. Et ce que je dis de Kahn, je le dirai tout aussi bien de Laforgue et d’autres encore ; comme à Gustave Kahn, le vers libre est venu à Laforgue et aux autres de leurs méditations, de leurs recherches personnelles, et aussi du même genre de coopération qu’établissent entre jeunes écrivains leurs relations de camaraderie. Dans aucun cas il ne peut s’agir d’une « invention » à la façon de la légendaire invention de Denis Papin.

Dès l’année 1879 (il avait alors vingt ans), Gustave Kahn fréquentait le monde littéraire et publiait des poèmes en prose ainsi que des sortes de nouvelles dans la Revue Moderne et Naturaliste et dans le Tout-Paris, ancien Hydropathe ; Alcool,