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les premiers poètes du vers libre

La pièce qui se rapprocherait le plus du vers libre est la Symphonie en gris ; en voici le début, tel qu’il figure dans le Chat noir.

Plus d’ardentes lueurs sur le ciel alourdi, qui semble tristement rêver.
Les arbres, sans mouvement, mettent dans le loin une dentelle grise.
Sur le ciel qui semble tristement rêver plus d’ardentes lueurs.

et la fin :

Près de l’étang endormi le grillon fredonne d’exquises romances,
Sous le ciel qui semble tristement rêver.

La bonne foi de Marie Krysinska ne semble d’ailleurs pas incontestable ; car cette même pièce que nous venons de citer, telle qu’elle est typographiée dans le Chat Noir de 1882, paraît sous la forme suivante dans l’édition des Rythmes Pittoresques de 1890 :

Plus d’ardentes lueurs sur le ciel alourdi,
Qui semble tristement rêver.
Les arbres, sans mouvement[1],
Mettent dans le loin une dentelle grise.
Sur le ciel qui semble tristement rêver
Plus d’ardentes lueurs.

et la fin :

Près de l’étang endormi
Le grillon fredonne d’exquises romances,
Sous le ciel qui semble tristement rêver.

  1. Est-il possible d’imaginer que ces quatre mots constituent un
    vers ?