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trinale que de montrer justement que l’instauration du vers libre a correspondu à un retour à la pensée poétique pure dans le vers…

2o Le nombre des syllabes, — La différence est ici absolue. Le vers régulier ou libéré est celui qui tient compte du nombre des syllabes ; le vers libre est celui qui n’en tient pas compte.

Autrement dit, dans le vers régulier ou libéré, la loi qui ordonne les pieds rythmiques est le nombre des syllabes ; dans le vers libre, il n’existe aucune loi de ce genre. Les quatre premiers pieds rythmiques d’Athalie constituent un vers, les quatre premiers pieds rythmiques du sonnet de Verlaine constituent un vers, parce qu’ils forment un ensemble de douze syllabes. Les trois premiers pieds rythmiques du poème de Vielé-Griffin constituent un vers, parce qu’ils sont une unité, cela sans aucun égard au nombre des syllabes, c’est-à-dire sans que Vielé-Griffin (je prends sur moi de l’affirmer) l’ait compté sur ses doigts et sans que ses lecteurs (je l’espère pour eux) le comptent davantage.

Le vers libre ne modifie pas, il ignore le nombre des syllabes.

Les caractéristiques qui distinguent le vers libre du vers régulier ou libéré sont donc, en fait :

1o L’unité formelle du vers (correspondant à son unité intérieure) devenue obligatoire ;