VII
Mais je suis arrivé rue Stévens, devant la maison de Léa ; c’est bien le vestibule, bien l’escalier ; l’escalier tournant ; enfin le second étage ; là est-elle ? oui certes là ; sonnons ; mes bottines sont propres, ma cravate droite, mes moustaches convenablement relevées ; j’ai beaucoup de choses à lui dire, beaucoup de choses qu’il faut que je lui dise ; elle vient évidemment de rentrer ; elle aura sa robe de cachemire noir ; je suis sot à ne pas sonner ; si elle me voyait ; je sonne ; des pas à l’intérieur ; la porte s’ouvre ; c’est Marie.
— « Mademoiselle d’Arsay est chez elle ? »
— « Oui, monsieur, entrez. »
— « Je vais dire à mademoiselle que vous êtes ici. »
Elle est gentille, Marie. Ah, ce petit salon, ce cher petit salon de ma chère Léa ; mettons-nous en ce fauteuil, près la fenêtre ; que joli est l’agencement de ces fleurs ! voilà le bouquet de lilas que je lui ai envoyé ; la glace, dans des étoffes ; tout est en règle dans ma toilette ; je suis assez présentable ; pas trop mal, ma foi ; Léa aime aux hommes les cheveux courts, comme je les ai, et qu’ils soient bruns… Léa…
— « Bonjour » de sa fine voix.
Et son sourire savamment féminin, ses yeux gentiment moqueurs, son sourire d’une fée ; bonjour, de sa fine délicieuse voix ; et ses cheveux voltigeant sur son front ; c’est elle, la jolie Léa ; non, je ne dois pas baiser sa main ; je serais ridicule ; saluons la simplement.
— « Mon amie, comment allez-vous ? »
— « Très bien. »