tantisme » que nous comprendrions ici la barbarie… Vous allez me demander si ce ne serait pas plutôt comme une réaction contre la culture gréco-latine ?
Loin de moi la pensée d’en vouloir à la culture gréco-latine. De toute mon âme, je me sens son œuvre, et tout ce qu’en mon âme il y a de possibilité d’admiration est attaché à cette grandiose antiquité classique, si supérieure en qualité, je le disais tout à l’heure, aux époques qui ont suivi. Mais, tout d’abord, il y a un domaine qui lui appartient entièrement, et quel domaine ! la prose. Et puis, pour être attiré vers la poésie qui est un jaillissement et vers la Bible, est-il défendu de comprendre Virgile — et de l’aimer ?
De cette culture gréco-latine, il reste encore une chose qui manque à la culture sémitique ; c’est l’esprit de la composition[1].
Tout à l’heure je demandais, plutôt que l’inspiration, le travail ; le travail, c’est-à-dire la méditation ; le travail, c’est-à-dire la mise en œuvre de tous nos moyens d’intelligibilité, et, par conséquent, la composition.
L’art consiste à mettre les choses à leur place : et c’est ce qu’on appelle la composition, telle que nous l’ont enseignée les maîtres grecs et latins. C’est en gardant précieusement cet apport de la culture gréco-latine, que j’invite les jeunes poètes à se mettre, pour le reste, à l’école de la culture biblique.
La Bible est peu et mal connue chez les catholiques. On a appris
l’histoire sainte ; on a vu les tableaux où sont représentées les
aventures des patriarches ; on a entendu des oratorios ; mais on n’a
pas lu la Bible. Vous savez que l’église catholique ne la met pas
volontiers entre les mains de ses ouailles ; il en est autrement chez
- ↑ Il y a cependant lieu de considérer que les livres bibliques nous sont arrivés dans un état d’interpollation et de remaniement que les non-spécialistes ne sauraient imaginer.