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la chair, et vous recouvrir de peau, et mettre l’esprit en vous, et vous
vivrez ; et vous saurez que je suis Iahveh.
Et je prophétisai, comme il m’avait été commandé ; et, comme je prophétisais,
il y eut un bruit, et voici, il se fit un tremblement, et les os se
rapprochaient, os avec os.
Et je regardai, et voici qu’il y eut sur eux des muscles, et la chair
crût, et la peau les recouvrit ; mais il n’y avait point d’esprit en eux.
Et il me dit : Prophétise à l’esprit, prophétise, ô fils d’homme ; et tu
diras à l’esprit : Ainsi dit le seigneur Iahveh : Esprit, viens des quatre
vents, et souffle sur ces morts, et qu’ils revivent !
Et je prophétisai, comme il m’avait été commandé, et l’esprit entra
en eux, et ils vécurent, et ils se tinrent sur leurs pieds : c’était une
armée très nombreuse.
Et il me dit : Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël.
Voici ce qu’ils disent : Nos os sont secs : notre espoir a péri ; c’en est
fait de nous.
C’est pourquoi prophétise, tu leur diras : Ainsi dit le seigneur Iahveh :
Voici que j’ouvre vos sépulcres, et je vous fais monter de vos sépulcres,
ô mon peuple, et je vous ramène sur le sol d’Israël.
Et vous saurez que je suis Iahveh, lorsque j’aurai ouvert vos sépulcres,
et que je vous aurai fait monter de vos sépulcres, ô mon peuple !
Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; et je vous rétablirai
sur votre sol, et vous saurez que c’est moi, Iahveh, qui le dis et qui le
fais, dit Iahveh.


Vous savez que la Bible n’est pas un livre, mais une collection de livres dont la composition s’étend sur plus d’un demi-millénaire. Vous n’attendez pas que je vous présente un tableau de cette littérature ; quelques lignes, ce ne serait pas assez ; quelques pages, ce serait trop, ici du moins. Je ne puis davantage essayer une répartition en livres de prose et livres de vers, la délimitation entre la prose et les vers étant vague dans la littérature hébraïque, — si vague qu’il n’existe même pas en hébreu de mots qui correspondent à nos deux mots « prose » et « vers ». Les œuvres les plus caractéristiques de la poésie hébraïque me semblent être celles des grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel ; il convient d’y joindre les Psaumes, qui sont postérieurs, et le livre de Job, qui est déjà une œuvre d’écrivain connaissant son métier ; les livres narratifs et législatifs (livres de