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IV

Le réalisme symbolique


Le moment est venu de préciser les caractéristiques de ce que je dénomme le réalisme symbolique.

Io Réalisation des images. — Au lieu de « réalisation », il faudrait dire « réalisibilité », si le mot était seulement possible…

Dans l’art, tel que je suis arrivé à le concevoir, tout est image, mais image concrète, image réelle, image réalisable, c’est-à-dire image que l’esprit puisse se représenter, d’un seul coup, visible, vivante, réelle, Chamberlain dirait « configurée »…

Et symbolique, en même temps…

Il n’y a pas d’esprit, là où il n’y a pas de corps. Il n’y a pas d’idée, là où il n’y a pas de matière. Le réel est la terre grasse où pousse le symbole.

Je veux la perfection de la réalité matérielle, le Parthénon, les statues antiques qui sont au Louvre, le vers d’Homère, afin que s’en dégage la pensée grecque.

Comprenez-moi : plus l’image sera concrète, réelle, réalisable, mieux l’idée s’en dégagera. Dans mon besoin de symbole, je veux, en vérité, que ce que vous écrivez se réalise en images, comme une statue se réalise en un corps, et qu’on voie, et qu’on touche, et qu’on fasse le tour… et qu’alors le symbole apparaisse.

Tout à l’heure, j’ai nommé Moréas : il m’a fallu, pour préparer