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LA LEGENDE D’ANTONIA

Et les douces voiles de ma poitrine
Se gonflaient, adolescentes et divines,
Sous des tresses de lierres et d’églantines.

Sauvage,
Par les plages
Et par les âges,

Je marchais, inconsciente,
Au milieu des races fourmillantes,

Et j’arrivai sur les cimes
D’où se découvrent les abîmes.

De mes yeux éblouis
Je vis
L’infini.

Déploiement vertigineux de l’horizon,
Rayonnement sans fond,

Autour de moi c’était l’immensité,
Le rêve illimité,

L’inaccessible,
L’impossible,

L’inconnu,
Le songe éperdu,
L’absolu…