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LA LEGENDE D’ANTONIA

Je vous tends la coupe salutaire,
Moi, celle à qui sur la terre
Vous vous êtes rencontré, voyez par quel soir de mystère !

Venez, et que votre cœur
Boive à la liqueur ;

Pour ouvrir à vos lèvres la route,
Les premières, je veux que mes lèvres y goûtent.

Venez, et songez à connaître
Si l’être
En quelque nouveau baptême ne saurait renaître.

La coupe de mes mains, baume ou calice,
Sera le philtre de salut et de sacrifice,
Afin que votre âme, dans la vie ou dans la mort, guérisse.


Elle a pris un vase dans la fontaine, et, après y avoir trempé ses lèvres, le lui tend.

Maintenant tous deux parlent en une douce causerie.


L’Amant

Oui, j’ai quitté ma patrie,
C’était… tant d’années se sont enfuies
Que j’ai presque oublié ces heures évanouies.