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LA LÉGENDE D’ANTONIA

Voulait en son cœur renoncer la nature…
La femme
Désespérément exorcisait son âme…
La mortelle,
L’éternelle
Clamait hors la vie temporelle.
… Mais Pour entrer dans la vie sainte
Il faut qu’en l’être l’humanité soit tout entière éteinte ;
Et du fond de ma conscience
Monte un cri qu’elle n’est pas finie, l’ancienne errance.
Sur moi plane le vieil anathème ;
Je ne suis pas la maîtresse de moi-même ;
J’ai voulu renoncer,
J’ai renoncé ;
Mais le monde ne renonce pas ;
La malédiction ne se lasse pas ;
Le malheur a sa proie,
Sans fin il me broie ;
La fatalité
Est éternelle à me condamner.
J’ai dompté le désir,
Mais le désir
A reparu, immortel à sévir ;
C’était fini
De vivre dans l’humain souci,
Mais le berger
Qui passe par le sentier
Dans le tourbillon vient me rejeter ;