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LA FIN D’ANTONIA

Et toutes parées d’or
Et mises
Tout de même que les saintes des églises…
Je suis le berger
Qui n’ai jamais quitté
Les lieux où je suis né.

Écoute. La dernière fois
Que je suis descendu dans le hameau, au bas du bois,
La vieille mère
(Elle est très vieille et son front penche vers la terre
Et ses yeux voient à peine le soleil de l’été,
Et puis elle est si bonne et si aimée !)
La vieille mère me dit en me faisant asseoir près d’elle
(Oh ! tout cela, je me le rappelle…)
Que je lui devais donner sa dernière joie
Et lui amener la fiancée de mon choix,
Afin qu’elle nous bénisse
Et qu’avant l’heure de sa mort dans sa postérité elle se réjouisse.

Femme, nous sommes, nous les paysans,
Les fils des monts, les fils des forêts, les fils des champs,
Et nos familles
Sont nombreuses comme les lianes des charmilles
Et vigoureuses
Comme les cœurs des hêtres et des yeuses.
Nous ignorons tout
Ce qui est hors de nous ;