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LA FIN D’ANTONIA

Comme l’âme est heureuse à travers l’horizon !
Partir ?… ah ! qui pourrait partir
Quand un tel soir monte sur l’éclosion du désir ?

Elle

Ô misère ! ô dérision ! ô vanité !
Ô poids inéluctable des plus sombres fatalités !
Ainsi toujours, toujours, toujours
La même humanité ira son cours ;
Toujours
Les mêmes sentiers
Se retrouveront sous les pieds ;
Toujours de semblables chemins,
Toujours de pareils destins,
Tels que les hiers, d’éternels lendemains ;
Et voici que devant mon âme saturée de souffrir
Une fois de plus se dresse la rencontre du désir.
Moi qui répudiai toute chose humaine,
Moi qui me suis enfuie dans la solitude la plus hautaine,
Qui délivrai mon cœur des liens de la nature,
Sur ma route que la pénitence fait toute pure
Voici qu’un enfant a passé,
Et rien n’est terminé,
Et l’humanité
Renaît, et dans mon sein
Toute l’horreur se réveille dos temps anciens.