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INTRODUCTION.

qu’un système, admettant une fonction des forces, présente un état pour lequel cette fonction est maximum, cet état est un état d’équilibre stable. Les physiciens ont cherché à établir des propositions qui jouent dans la mécanique chimique le rôle que le principe des vitesses virtuelles et le théorème de Lagrange jouent dans la mécanique rationnelle.

La première tentative qui fut faite dans cette voie est due à M. Berthelot. La règle qu’il proposa, sous le nom de principe du travail maximum, était énoncée de la manière suivante : Toute action chimique, accomplie sans l’intervention d’une énergie étrangère, tond vers la production du système de corps qui dégage le plus de chaleur. Ce principe entraînait la conséquence suivante : de deux réactions inverses concevables dont l’une dégage de la chaleur tandis que l’autre en absorbe, la première est seule possible.

La chaleur dégagée par une réaction qui ne met en jeu aucun travail extérieur est la diminution que subit, par l’effet de cette modification, l’énergie interne du système. Par conséquent, d’après la règle posée par M. Berthelot, la possibilité d’une réaction suppose que cette réaction produit une diminution d’énergie ; la stabilité d’un équilibre chimique est donc assurée, si cet état d’équilibre correspond à la plus petite valeur que puisse prendre l’énergie du système ; en un mot, d’après cette règle, l’énergie joue dans la statique chimique le rôle que le potentiel joue dans la statique proprement dite.

La règle proposée par M. Berthelot est d’une application facile ; ses conséquences peuvent être immédiatement soumises au contrôle de l’expérience, et, dans un grand nombre de cas, elles présentent avec les faits l’accord le plus satisfaisant ; aussi cette règle a-t-elle été favorablement accueillie par la plupart des chimistes. Elle rencontre malheureusement, dans un certain nombre de phénomènes, des exceptions difficiles à expliquer. L’acide sulfurique, par exemple,