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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

parant, dans ce cours, la théorie du mouvement des projectiles à la théorie de la chute accélérée des graves.

Au sujet du mouvement des projectiles, Georges commence par énumérer[1], telles qu’elles sont présentées par Albert de Saxe, les objections qu’on peut adresser à la théorie d’Aristote.

Il reproduit les objections qu’on avait accoutumé de dresser contre l’hypothèse de l’impetus.

Enfin, après avoir défini l’explication par l’antiperistasis et l’explication d’Aristote, il poursuit en ces termes :

« La troisième opinion dit que celui qui lance le projectile, tandis qu’il le meut, lui imprime un certain impetus ou une certaine vertu motrice ; par cette vertu, le projectile peut être mû dans la direction visée par celui qui l’a lancé. Cet impetus est une qualité distincte du mobile ; c’est une passion ou qualité passive ou disposition. Il est manifeste qu’on peut, suivant cette opinion, soutenir et sauver les expériences qui ont été citées dans les quatre premières raisons.

» Ces remarques faites, pour répondre à la question, nous poserons une conclusion conforme à la troisième opinion : Après que le projectile a quitté celui qui l’a lancé, il est mû par la force (virtus) qui lui a été imprimée. C’est évident ; on n’a formulé, en effet, que trois explications du mouvement des projectiles : L’antiperistasis, l’entraînement par le milieu et Yimpetus. Or l’expérience nous enseigne que les deux premières explications ne peuvent être reçues. Reste donc la troisième. »

Après avoir donné cette très formelle conclusion, Georges se demande[2] : « Si tous les impetus sont essentiellement de la même espèce spécialissime. » Sa réponse n’est qu’un résumé de ce que Marsile d’Inghen, dans ses Abbreviationes libri Physicorum, avait dit à ce sujet. C’est à Marsile que notre auteur est redevable de la fâcheuse pensée que voici :

« Puisque l’impetus a sa plus grande force au début du mouvement, on va demander pourquoi le projectile ne se meut pas plus vite au commencement de sa course qu’au milieu. Voici, répondrons-nous, pourquoi : Bien qu’au début, l’impetus soit très fortement imprimé dans la partie du projectile que touche l’instrument de projection, dans les parties distantes

  1. Georgii Physicorum, lib. VIII. Quæritur utrum projecta post recessum a primo projiciente moveantur a medio vel ab aere. Ed. cit., fol. suiv. le fol. Mm 3, col. b et c.
  2. Georgii Physicorum, lib. VIII. Dubitatur utrum impetus sit ejusdem speciei specialissimæ essentialis. Ed. cit., fol. cit., col. c et d.