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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

Aucune pensée originale, d’ailleurs, ne se rencontre dans les pages du Cursus ; tout ce qu’on y trouve, on se souvient de l’avoir lu ailleurs ; cette œuvre n’est qu’une compilation ; on y reconnaît de fréquents emprunts aux traités donnés par Jean Buridan et par les divers maîtres de son École ; on y reconnaît même des souvenirs du manuel de Nicolaus de Orbellis.

Georges de Bruxelles et Thomas Bricot se séparent de Nicolaus de Orbellis et de Jean Hennon en ce qu’ils ne semblent guère éprouver l’influence de Duns Scot.

Les philosophes auxquels nos auteurs s’attachent de préférence, ce sont ceux qui ont enseigné à la Faculté des Arts durant la seconde moitié du xive siècle, ceux qu’au xve siècle, on nommait les Modernes, et c’est pourquoi le Cursus publié par Thomas Bricot se pare de ce titre : Secundum viam Modernorum ; il ne se vante plus d’être : Secundum viam Scoti.

Parcourons le Cursus rédigé par nos deux auteurs ; entre les idées qu’ils transmettaient à leurs élèves, choisissons les plus intéressantes, les plus aptes à sauvegarder les tendances scientifiques de l’École de Paris.


A. Le lieu


Lorsqu’il développe la théorie du lieu, Georges de Bruxelles semble, tout d’abord, vouloir demeurer fidèle à la tradition parisienne. Examinant[1] de quelle manière se doit définir le lieu immobile auquel on rapporte le mouvement local, il rejette l’une après l’autre les deux théories de Saint Thomas d’Aquin et de Gilles de Rome pour introduire, comme Burley, la notion du lieu qui demeure le même par équivalence ; son exposition semble imiter celle d’Albert de Saxe.

Mais il s’écarte d’Albert de Saxe, il rompt avec toute la tradition parisienne inaugurée par Jean de Duns Scot et par Guillaume d’Ockam, lorsqu’il discute cette question[2] : La sphère suprême est-elle un lieu ? Reprenant la solutionne Campanus de Novare à laquelle Pierre d’Ailly avait souscrit, il va, dans un Empyrée immobile qu’entourerait le Monde, chercher le lieu de l’Univers.

  1. Magistri Georgii Bruxellensis Cursus optimarum questionum super Philosophian Aristotelis, Physicorum lib. IV, quæritur utrum diffinitio loci data a Philosopho sit bene assignata. Ed. cit., fol. sign. Ff 3, col. d, et fol. suiv., col. a, b et c.
  2. sc|Georgii Bruxellensis}} Op. laud., Physicorum lib. IV, quæritur utrum ultima sphsera sit in loco. Ed. cit., fol. suiv. le fol. sign. Ff 3, col. d.