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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

grand corps était toujours prêt à favoriser des empiètements de l’autorité royale sur les domaines où elle ne se devait pas exercer ; il ne perdait, d’ailleurs, aucune occasion de se mêler de ce qui ne le regardait pas ; incompétent, à coup sûr, en Philosophie, il va se faire désormais le défenseur de la routine aristotélicienne contre les progrès de la pensée.

Les maîtres parisiens avaient recouvré le droit de lire et d’enseigner les théories de Buridan et d’Albert de Saxe ; leurs leçons vont ressembler, et de très près, à celles qu’un Jean Hennon donnait avant l’édit de Louis XI.


VI
GEORGES DE BRUXELLES ET THOMAS BRICOT


Le manuel de Jean Hennon est comme le type des manuels que Paris va produire durant le dernier quart du xve siècle ; évidemment, il met sous nos yeux l’enseignement qu’on avait accoutumé de donner à ce moment, à la Faculté des Arts, sur les doctrines physiques et métaphysiques d’Aristote ; les limites auxquelles il s’est borné, le programme qu’il a suivi sont exactement les limites et le programme des leçons données par Georges de Bruxelles.

Georges de Bruxelles, dont la vie nous est entièrement inconnue, ne publia pas lui-même ses leçons ; elles furent, après sa mort, données à l’imprimerie naissante par Thomas Bricot.

De ce Thomas Bricot, la vie nous demeure tout aussi cachée que celle de Georges de Bruxelles ; nous savons seulement qu’il était professeur de Théologie[1]. Comme Georges de Bruxelles, qui fut sans doute son maître et son ami, il s’adonnait extrêmement à la Logique, aussi bien à l’Ars vetus d’Aristote et de Porphyre qu’à l’Ars nova de Pierre l’Espagnol. Soit séparés, soit réunis, les divers écrits que Georges et Bricot ont composés sur la Logique furent, au xve siècle, fréquemment publiés[2].

Aux leçons de Georges de Bruxelles sur la Physique et la Métaphysique, Thomas Bricot a joint, de ci de là, quelques questions dont il revendique la composition. Ainsi complétées,

  1. Il ne faut pas confondre ce Thomas Bricot avec Guillaume Bricot, pénitencier de Notre-Dame, qui fut l’adversaire de l’exégète allemand Reuchlin.
  2. On trouvera la description de ces éditions dans : Hain Repertorium bibliographicum, nos 3.966-3.970, no 3.977, nos 7.600-7.604.